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Repérages, mars 1999

13 mars 15-16 mars 22 mars

Lundi 15 mars 1999
Maison de Catherine, temps maussade, mais il fait bon

Hier, dimanche, nous continuons notre découverte de la ville et de ses contrastes. Nous sommes allés visiter, si l'on peut employer ce mot quand il s'agit d'un Township, "Alexandra", un joli nom pourtant, un quartier où s'expose la misère à proximité de quartiers très riches. Pour cela il suffit de passer le pont, qui sépare ce territoire du reste de la ville. Dures !!! très dures, les visions de nos fenêtres de voiture, nous en sommes descendus deux fois et cela de façon très rapide. Nous accompagne, Hassan, le mari de Roshnie. Il est d'origine Indienne, il connaît bien cet endroit, il en parle avec force et maints détails, il nous explique que ce quartier moins connu que Soweto a joué un rôle dans la lutte contre l'Apartheid et qu'aujourd'hui cette partie de Johannesburg est le lieu d'un enjeu politique important. Je ne ramènerai pas beaucoup de photos pour illustrer mon propos, nous ne resterons pas longtemps dans cet endroit, je n'assume pas le côté voyeur de cette "promenade" faite au pas de course, où j'ai été voir des hommes, des femmes et des enfants qui vivent entassés les uns sur les autres dans des conditions hallucinantes d'insalubrité, à deux pas de la richesse. A l'issue de notre périple, Roshnie m'a demandé si j'étais d'accord, pour faire ici cet été une intervention de théâtre de rue ? Aujourd'hui je sais pas, je suis tout gris dans ma têteˇ En plus, Kiké n'a toujours rien dessiné, c'est pas bon signeˇ

Changement de décor. La fin de notre après midi se déroulera au théâtre de l'Université, où dans un premier temps nous aurons un entretien avec une journaliste du Star Tonight, grand quotidien très populaire. Questions habituelles, réponses toutes faites !!! Mais sincères !!! Puis nous allons au spectacle, un "show" à l'humour très British de la Compagnie Robin Orlyn, entre danse et théâtre, ça pourrait s'appeler panique au centre culturel, une belle distribution de personnages fédérés autour d'un animateur de centre social, entre grotesque et burlesque avec la pointe d'ironie nécessaire, pour que naisse la poésie,

D'un cygne noir,
Qui comme présage,
Laisse des traces blanches sur son passageˇ

"Ca plairait aux Alamas et aux Morétus !!" a dit Kiké. A l'issue du spectacle, nous aurons une discussion avec certains protagonistes de ce projet, une fois de plus, je me rends compte à quel point l'exception du réseau culturel français et de son mode de production est une incroyable richesse de notre pays (Cocorico !!!). La chorégraphe qui a monté ce spectacle et qui est selon nos interlocuteurs une des meilleures d'Afrique du Sud a réussi à obtenir en tout et pour tout une subvention de 10 000 francs, les entrées sont pour la troupe, et le billet est à 16 rands (16 francs). Une chose m'a marqué au cour de cette soirée, outre les comédiens de la troupe qui était constituée de blancs et de blacks, le public était plutôt blanc sinon très blancˇ

La soirée se finira de bonne heure au restaurant, poisson ce coup ci!!!

Lundi 15 mars
14h de la maison de Catherine
le soleil est de retour

"Hey Bro!!" prononcer brou!! c'est comme ça que l'on vous interpelle dans la rue, Bro pour brother, Je viens de laisser Michèle et Kiké faire des emplettes dans le centre de Melville, pour venir terminer ce courrier. Nous avons rendez vous cet après-midi, avec Sifiso le comédien qui a travaillé avec Jean Marie Maddidu des Piétons lors de son passage à Johannesburg, puis ensuite avec François le comédien que nous avons vu l'autre jourˇ

@+ Jean Raymond

Mardi 16 mars
2h du mat

Je viens de rentrer, et je sais que je dois écrire les quelques mots qui vont suivre, demain je n'aurais pas le temps, vous excuserez donc le style télégraphique !!!

Après-midi et soirée riche en événements, rien ne s'est passé comme prévu, mais tout s'est très bien passé !!! Avons découvert le reste de l'équipe de L'Ifas, pas mal, moderne le staff, jeune très jeune, serviable et tout et tout, échange d'infos discussions à bâtons rompus, on se présente, on prend des rencarts.

15h30, arrivée de Sifiso, il est de Soweto, enseignant dans une école dans la journée, il fait du théâtre le soir, j'ai en face de moi un mec solide, il est très content de son aventure avec Jean Marie, la perspective d'un projet d'ordre professionnel lié à la rue le séduit. C'est notre premier interlocuteur Zoulou, merci Maddidu et Poussin pour cette rencontre.

17h30, on laisse Sifiso au bistrot du coin avec un rencart plus tard, pour filer retrouver François, il est accompagné de sa femme Philippa, comédienne elle aussi. Elle m'apprendra par la suite qu'elle a fait le cours Jacques Lecoq pendant deux ans, elle en parle avec beaucoup d'émotions dans la voix. Moi je pense à Thierry Lorent. Elle sourit lorsqu'elle apprend que plusieurs comédiens de chez nous sont issus de chez Lecoq, celui-ci ayant toujours dit à ses élèves qu'il ne voulait pas les voir jouer dans la rue.

En fait, on ne reste pas à l'Ifas. Au passage on récupère Sifiso. Pour des raisons technique on se rend tous chez Catherine, où s'organisera une des réunions les plus constructives depuis notre arrivée. Catherine m'étonne, est elle très présente et assez imprévisible, elle est très à l'écoute, mieux je dirais elle accompagne le projet !!! La discussion nous apportera de nombreux éclairages sur l'envie que pouvait générer un projet comme le nôtre, mais ici comme partout ailleurs, la peur de se faire instrumentaliser est présente. Ensuite, avant nous d'autres sont passés et certains d'entre eux n'ont pas toujours tenu leurs engagements, tout cela lié à la réalité de ce pays où les gens vivent à côté des autres et non ensemble. Malgré tout ça, je pense que ça va le faire !!!

20h, François et Philippa nous quittent, nous invitons Sifiso à bouffer avec nous. Houa, ce repas, Sifiso nous parle de Johannesburg, c'est en fait la première fois qu'un natal, c'est à dire un Zoulou, nous raconte son pays. Il nous confirme que cette ville est dangereuse, mais que la criminalité ne fait pas elle de discrimination raciale, et que les gens de toutes les communautés sont touchés. Le poids du passé pèse lourd, simplement quatre ans depuis la fin de l'Apartheid. Sifiso lui s'est mangé 18 mois de prison, c'est un de ses amis, Didier un jeune photographe de Marseille qui nous a rejoints dans le cours de la soirée, qui nous l'apprendra. Nous nous quitterons à 2h du mat, en ayant pris rendez vous à Soweto dans deux jours.

3h43 en direct de son lit,
@+Jean Raymond


Repérages, mars 1999

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