Résidences 2002

Annibal et ses Eléphants

Les Grooms

Trace(s) en Poudre

Deuxième Groupe d'Intervention

Compagnie Trace(s) en Poudre
création Soy Imperfecta

Mise en scène : Aurélie Gard
Scénographie : Nath. Bruère

Résidence du 2 au 11 septembre 2001, du 18 au 6 janvier 2002,
du 16 f?vrier au 3 mars 2002 et du 13 au 28 avril 2002.


© Gwenaël Mulsant

Qui sont-elles ?

La compagne Trace(s) en Poudre est née en 1999 de la rencontre entre Nath Bruère, plasticienne, et Aurélie Gard, commédienns, d'un désir commun d'expérimenter les frontières vivantes qui existent entre théâtre, danse, arts plastiques et arts de la rue. Peu à peu, s'est dessinée pour nous une forme de théâtre née d'une rencontre entre le corps et la matière, inventant son propre langage par le poids des images et la force des émotions. Dans un univers de matières, de couleurs, d'objets, de symboles, entre rêve et réalité, les corps utilisent les matières comme moyens de se projeter vers l'extérieur, de prolonger leur intimité, d'accroître leur force. Et ses matières se font traces sur le sol. Marques sur la peau. La trace nous intéresse car elle survit au passage des corps, pour poursuivre seule sa route, et sa disparition. Elle est le lien indéniable entre la beauté des matières et la dure réalité des corps, entre l'intérieur et l'extérieur, entre nous et le public; elle est la marque indéniable d'une vie qui utilise nos corps comme des passeurs.
Mais de quoi être passeurs ?
Nous cherchons avant tout un théâtre de sens, même s'il est onirique, même s'il est suggéré. Evoluant aux frontières, nous jouons la vie, nous jouons la mort. Entre douceur et violence. Pour témoigner d'un monde qui souffre. Mais où l'amour existe. Ici ce sont les émotions brutes qui parlent, au travers des corps, parce qu'ils sont infiniment doux, infiniment violents, infiniment parlants.


© Gwenaël Mulsant
Soy Imperfecta nous emmène dans l'univers féminin de la prostitution. Derrière les silhouettes anonymes, quatre prostituées dévoilent leurs identités et leurs désirs au sein d'un monde à vif. Ici ce sont les émotions brutes qui s'expriment, au travers des corps, infiniment parlants.
Nous cherchons avant tout un théâtre de sens. La rue est un lieu propice à l'expression de cette parole, afin qu'elle puisse être entendue par tous sans discrimination. Et c'est aussi pour nous la possibilité de partager cet espace public urbain, le bitume, le trottoir, où chaque jour tant de personnes sont jetées... comme si la rue ne pouvait être le lieu d'une dignité.

Laisser des trace(s).
Contre l'oubli.



© Gwena?l Mulsant

Lettre au Moulin (suite à la résidence du 16 février au 3 mars 2002)

Soy Imperfecta est une création en cours. Nous sommes quatre interprètes bien entourées par divers collaborateurs qui nous apportent chacun un soutien spécifique. Sans eux, ce projet aurait eu du mal à se concrétiser. Je pense bien sûr à la compagnie Oposito qui nous accueille en résidence, mettant à notre disposition local de répétition, lieu de vie, et bien davantage… Il y a aussi les auteurs de l'univers sonore du spectacle, un vidéaste et photographe, des costumières, ainsi que l'aide ponctuelle d'amis artistes.

Notre thème de travail est la prostitution. Nous sommes quatre jeunes femmes impliquées dans cette recherche et aucune de nous n'a eu l'expérience réelle, directe de la prostitution. Nous avons donc cherché à obtenir des informations, aussi bien dans la presse, au cours de colloques, que sur des lieux où la prostitution est visible.
Aujourd'hui, il y a mille et une façons d'être prostitué(e)s : certain(e)s sont à leur compte, d'autres (filles de l'est ou d'Afrique notamment) sont enlevé(e)s et vendu(e)s par des réseaux de proxénètes qui les jettent sur les trottoirs d'ici et d'ailleurs. Ces personnes n'ont généralement plus de papiers, n'existent pas officiellement, sont surveillées de très près et réduites à l'esclavage. C'est une situation intolérable, d'autant plus que celles-ci sont en grand nombre mineures.

 


© Gwena?l Mulsant

Abordant la prostitution, nous avons conscience de toucher au politique et au social, dimensions qui nous semblent faire intégralement partie de la manière dont nous voulons être artistes.
Cependant, notre langage, en tant que compagnie des arts de la rue, est artistique ; nous ne prétendons pas détenir une vérité objective ou tenir un discours politique simpliste ou réducteur. Simplement, en tant que femmes et en tant qu'êtres humains, nous nous sentons touchées et concernées par la prostitution. Nous souhaitons en retour pouvoir toucher le public en partageant notre travail avec lui. Nous cherchons à exprimer des émotions communes à l'expérience humaine, "universelles" ainsi qu'individuelles.

Ainsi, les parcours et les émotions de nos "personnages-prostituées" ressemblent à ceux de beaucoup d'entre nous (confrontés à la vie) et sont aussi particuliers. Elles ont beau avoir souffert, être "victimes", elles sont aussi des individus qui ont une histoire propre, qui tirent une force, une dignité de leur vécu. Elles deviennent autant les sujets-actrices de leur propre histoire qu'elles sont assujetties. Il est important pour nous que cela soit perçu dans notre recherche. C'est une démarche difficile mais nécessaire pour rendre compte de la complexité de la prostitution elle-même.
Ainsi, au sein de notre travail, se côtoient, se mêlent, s'enchaînent une palette d'émotions : la violence, le besoin d'amour, le désespoir, la lutte, la révolte, la tendresse, le rêve (s'échapper de sa condition d'ici-bas)…


© Gwena?l Mulsant

Vis-à-vis des codes de la séduction et des stéréotypes, nous restons prudentes. Nous devons bien sûr les utiliser mais dans l'intention de les détourner, les renverser, les récupérer. Si nous provoquons le désir chez le spectateur, cela le rend plutôt voyeur et il pourrait se trouver mal à l'aise dans cette position. Je pense que nous donnons à voir des choses que chacun préfère ignorer au quotidien.
Si le public est touché, qu'il aime ou pas notre spectacle, alors il se sera sûrement amené à s'interroger. Serait-il possible de changer quelques petites choses dans un état de fait complexe en réussissant à émouvoir un individu, un autre et encore un autre… ?

Les premiers rendez-vous autour de ce spectacle auront lieu :

  • les 10 et 11 mai 2002 à Notre Dame de Mont
  • le 26 mai 2002 à Noisy-le-Sec, Les Rencontres d'Ici et d'Ailleurs, manifestation d'artistes de rue
  • Festival Chalon dans la rue (off), Chalon-sur-Saône, du 18 au 21 juillet 2002
Trace(s) en Poudre
Nath. Tél. : 06 08 52 96 24
Aurélie Tél. : 06 10 45 23 19